Une concertation auprès des acteurs économiques locaux

Depuis plusieurs mois, une concertation est menée auprès des entreprises et salariés de la zone d’activités de Touques dans le cadre de l’élaboration du plan guide de l’estuaire de la Touques. Cette démarche s’est traduite, dans un premier temps, par une phase de diagnostic comprenant une réunion avec le club entreprises de la communauté de communes en janvier 2025 et des entretiens individuels avec une douzaine d’acteurs économiques (Eiffage, Leclerc, Cemex, Point-P, Darty, Nicom Pub & Print, Aldi, Bowling, Carwash, l’Amirauté, Jacomo) présents dans la zone d’activité à Touques-St Arnoult-Deauville au mois d’avril afin de mieux connaitre le fonctionnement du secteur, ses atouts et ses contraintes, les besoins des entreprises… En parallèle, un questionnaire a été adressé aux salariés entre le 15 janvier et le 15 février pour recueillir leurs besoins et perceptions.

La SPL inDeauville a également été interrogée afin de bien cerner les enjeux touristiques.

 

Au mois de mai, la concertation est entrée dans une nouvelle phase avec l’organisation d’un atelier dédié à la discussion des premiers principes d’aménagement. De nouvelles entreprises nous ont rejoint : Point S, Carrefour, Mobilier de France, Anfry Electricité, Mc Donald’s. Les premiers enseignements tirés de ces échanges révèlent un territoire économiquement dynamique mais cloisonné, un réseau de mobilités active à développer aussi bien pour les travailleurs que pour les consommateurs et une sous-exploitation du potentiel offert par la présence du fleuve.

 

Une zone d’activités prospère mais qui connaît certaines menaces

 

La zone d’activités de Touques-St Arnoult-Deauville constitue un pôle économique attractif, rassemblant aussi bien des enseignes commerciales de premier plan que des entreprises de services et de production. 

 

Si son implantation stratégique est reconnue – notamment grâce à l’accessibilité via la RD677 –, plusieurs défis subsistent. Les dirigeants interrogés pointent notamment un manque de coordination entre les entreprises, freinant la mutualisation de services et d’initiatives communes. Le marché du travail constitue également une préoccupation majeure : certaines entreprises, particulièrement dans la logistique et la restauration, rencontrent des difficultés de recrutement, notamment en raison du manque de logements abordables à proximité. Enfin, des infrastructures vieillissantes et la rareté du foncier disponible compliquent l’implantation de nouvelles entreprises et le développement des acteurs en place.

 

Une forte dépendance à la voiture

 

L’enquête menée auprès des salariés de la zone d’activités met en lumière un enjeu majeur de mobilité : 85 % d’entre eux utilisent leur voiture personnelle pour se rendre au travail, contre seulement 8 % qui viennent à pied et 4 % en transports en commun. Ce constat est partagé par de nombreuses entreprises, qui soulignent l’absence d’alternatives viables pour les déplacements domicile-travail.

 

Si certains acteurs, comme le Bowling et Carwash, estiment que cette dépendance à la voiture favorise leur accessibilité, d’autres, à l’instar de la SPL InDeauville, y voient un frein à l’attractivité de l’emploi. L’insuffisance des transports en commun et le manque d’infrastructures sécurisées pour les modes de déplacement actif (vélo, trottinette) sont pointés du doigt. Les entreprises de transport et de logistique, comme Eiffage et Cemex, alertent de leur côté sur les difficultés rencontrées pour la circulation des poids lourds, notamment en raison des restrictions dans certaines zones résidentielles, qui rallongent les trajets et augmentent les coûts.

 

Les berges de la Touques, un potentiel sous-exploité

 

Malgré une certaine notoriété locale, les berges de la Touques restent peu fréquentées par les salariés de la zone d’activités : seuls 18 % d’entre eux s’y rendent régulièrement, principalement pour des promenades ou des pauses en extérieur. Lors des micro-trottoirs menés cet hiver pour la concertation grand public, des salariés de la ZA évoquaient ainsi qu’ils prenaient leur pause déjeuner dans leur voiture sur le parking. Pourtant, un intérêt marqué se dégage pour leur réaménagement : 62 % des répondants souhaitent voir cet espace transformé en un lieu de détente et d’activités.

 

Parmi les propositions évoquées figurent la création de parcours piétons et cyclables pour relier les zones économiques aux centres-villes (41 % des répondants), l’installation d’espaces conviviaux tels que des guinguettes ou cafés en bord de fleuve (33 %), ou encore des infrastructures sportives.

 

Quels aménagements pour une zone d’activités durable ?

 

Face à ces constats, plusieurs hypothèses d’aménagement ont été discutées avec les entreprises afin de dynamiser la zone d’activités tout en intégrant durablement la Touques. Un réaménagement des berges propice à la biodiversité et à des usages renouvelés et adaptés apparaît comme une priorité, afin de renforcer leur intégration au cadre de vie. Parallèlement, une diversification de l’offre commerciale et économique est envisagée pour répondre aux attentes locales, notamment en encourageant l’implantation de nouvelles enseignes. La question de la mobilité reste centrale, avec la nécessité de faciliter les trajets domicile-travail et de développer des solutions alternatives à la voiture individuelle, comme des navettes électriques et des pistes cyclables sécurisées. La majorité s’accorde également sur la réduction de l’impact de la voirie actuelle qui présente une largeur excessive (RD + contre-allées). Le logement, au centre des conversations pourrait s’implanter dans une zone d’activité végétalisée et apaisée. Enfin, la transition écologique pourrait être soutenue à travers l’intégration d’énergies renouvelables sur les bâtiments d’activités et l’adaptation des infrastructures aux risques liés à l’eau.

 

Si les entreprises consultées se montrent globalement favorables à ces évolutions, elles insistent sur l’importance d’une approche cohérente et concertée, avec une collaboration étroite entre acteurs économiques, collectivité et usagers.